Les séances

20161015-PL-Grau-du-Roi-2500-1-1.jpg

Ce cours a été dispensé par Jean-Michel Muglioni entre novembre 2015 et juin 2016, durant la dernière année de l’Université Conventionnelle. Il comporte 12 séances dont les notices et les enregistrements (excepté celui de la dixième séance) sont accessibles ci-dessous. Ceux-ci sont rassemblés par ailleurs en une liste de lecture sur notre compte Soundcloud.

Séance du 4 novembre 2015 : Approches de l’imagination

Cette première séance introduira la réflexion de l'année.  Nous partirons d'un texte prenant pour objet une expérience commune, qui permet de saisir la profondeur et l'étendue des pouvoirs de l'imagination. 

Nous verrons en effet que l’imagination ne consiste pas à voir des images dans sa tête. La philosophie de l’imagination proposée par Alain est une des choses les plus originales de son œuvre (et elle a beaucoup inspiré Sartre). Elle est inséparable d’une philosophie des beaux arts et de la création artistique, que nous aurons donc aussi à comprendre. 

Séance du 19 novembre 2015 : suite de la réflexion sur l’imagination

La plupart des auditeurs, lors du dernier cours, ont eu grand peine à admettre que l’illusion de la lune à l’horizon demeurait même une fois qu’on l’a démasquée. Nous allons donc devoir réfléchir sur cette difficulté. Une telle illusion nous apprend beaucoup sur nous-mêmes et sur la faculté que nous avons de voir ce qu’en réalité nous ne voyons pas : « Ce sont les fous seulement, selon l'opinion commune, qui verront dans cet univers étalé des objets qui n'y sont point », dit Alain au début de ses éléments de philosophie. Eh bien l’illusion de la lune nous apprend que nous sommes tous comme ces fous, ou bien que nous avons d’abord une fausse idée de la perception.  

La perception ne peut s’expliquer comme l’effet du monde sur un organe des sens. Tout notre être est engagé – corps et âme – dans la moindre de nos perceptions. Nous mettons beaucoup de nous-mêmes dans ce que nous percevons. La perception est d’emblée à l’objet : c’est la lune qui est grossie ! L’illusion a la forme de l’objet. Par conséquent nous avons à apprendre à percevoir le monde si nous ne voulons pas seulement « voir » nos préjugés et nos passions dans les choses. Ainsi la philosophie de la perception d’Alain est à la fois un apprentissage de la perception et une découverte de l’homme entier dans la moindre de ses perceptions. 
  
Voici un autre exemple d’illusion, l’illusion d’Helmholtz, rapportée et expliquée par Alain dans les Eléments de philosophie : 

"Certes quand je sens un corps lourd sur ma main, c'est bien son poids qui agit, et il me semble que mes opinions n'y changent rien. Mais voici une illusion étonnante. Si vous faites soupeser par quelqu'un divers objets de même poids, mais de volumes très différents, une balle de plomb, un cube de bois, une grande boîte de carton, il trouvera toujours que les plus gros sont les plus légers. L'effet est plus sensible encore s'il s'agit de corps de même nature, par exemple de tubes de bronze plus ou moins gros, toujours de même poids. L'illusion persiste si les corps sont tenus par un anneau et un crochet ; mais, dans ce cas-là, si les yeux sont bandés, l'illusion disparaît. Et je dis bien illusion, car ces différences de poids imaginaires sont senties sur les doigts aussi clairement que le chaud ou le froid. Il est pourtant évident, d'après les circonstances que j'ai rappelées, que cette erreur d'évaluation résulte d'un piège tendu à l'entendement ; car, d'ordinaire, les objets les plus gros sont les plus lourds ; et ainsi, d'après la vue, nous attendons que les plus gros pèsent en effet le plus ; et comme l'impression ne donne rien de tel, nous revenons sur notre premier jugement, et, les sentant moins lourds que nous n'attendions, nous les jugeons et finalement sentons plus légers que les autres. On voit bien dans cet exemple que nous percevons ici encore par relation et comparaison, et que l'anticipation, cette fois trompée, prend encore forme d'objet". 

Et un autre commentaire de cette illusion dans les Manuscrits inédits de 1925 cité par A. Drevet dans ses morceaux choisis, Alain, philosophie, les grands textes aux PUF : 

« En cette expérience, dans laquelle il ne reste rien d’obscur, il apparaît : 
que les perceptions de la vue et les jugements qui en résultent sur la nature de l’objet modifient l’impression même : contact de l’anneau sur le doigt. 
que la sensation qui correspond au poids ne dépend point seulement de l’objet et de la sensibilité propre à la peau, mais éminemment de la réaction musculaire, qui intéresse le corps tout entier… ; 
qu’enfin cette réaction même dépend de l’anticipation, c’est-à-dire de la préparation musculaire qui conduit dans le cas actuel à des déceptions qui apparaissent sous deux espèces : 
1° L’effort réel est inférieur à l’effort prévu ; il en résulte un mouvement déréglé et un trouble de l’équilibre ; 
2° l’effort réel est supérieur à l’effort prévu ; le mouvement se fait alors en deux temps, avec une mobilisation précipitée qui se traduit par un trouble affectif. 
Pour bien comprendre ces vicissitudes d’ordre musculaire et qui intéressent tout notre corps, il faut considérer les cas extrêmes : la marche d’escalier, le faux pas… Dans ces cas, l’émotion est violente. On en peut conclure qu’un commencement de cette émotion accompagne toutes les explorations du toucher, et nous fait sentir vivement l’écart entre nos préparations et l’action même.  
Ce qui est remarquable ici, c’est que tout le poids de l’organisme en attente se traduit par une impression tactile qui paraît simple... Et, chose remarquable, toujours sentie au niveau de l’obstacle, au point même où mon action s’exerce. 
…La fausse conclusion est sentie, et cela mérite examen. Car on voit bien comment je produis le sentiment, par l’attente et la préparation ; et 
comment le sentiment se rassemble en une sensation. Dans cet exemple la sensation n’est pas donnée, mais cherchée et fabriquée par notre corps. » 


Séance du 9 décembre 2015 : “l’objet sensible est d’entendement”

Nous avons jusqu’ici surpris l’imagination au cœur de notre perception ; nous avons ainsi déjà compris qu’il n’y a pas dans notre perception du monde des sensations simples qui seraient produites sur les organes des sens par des stimuli extérieurs : ce que nous éprouvons, sentons, percevons, est le produit de toute une alchimie où l’homme entier est en jeu, avec ses habitudes, sa mémoire, ses projets, etc. La question se pose donc de savoir ce qui distingue une perception fausse, produit de l’imagination, et une perception vraie, par laquelle nous connaissons le monde. 

Pour y répondre, il nous faudra comprendre que l’entendement est au cœur de la perception ce qui fonde son réalisme, c’est-à-dire notre croyance en l’existence des choses extérieures : la « certitude sensible » se fonde sur la mise en relation de toutes nos perceptions par l’entendement, et ces perceptions ne sont rien sans ou avant cette mise en relation. C’est là l’idée difficile qu’Alain ne cesse de développer depuis ses premiers articles autour de 1900 dans la Revue de Métaphysique et de Morale. Il s’agit de « …comprendre ce que l’illustre Kant a expliqué, semble-t-il, trop sommairement, c’est à savoir que notre perception dépend bien plutôt des lois de notre esprit que des propriétés de nos sens ». L’idée d’objet, juillet 1902. Nous renvoyons également à cet extrait des Lettres sur la philosophie première.

Séance du 16 janvier 2016 : philosophie de la perception et philosophie populaire

Un certain nombre d’universitaires rendent bien à Alain le mépris qu’il leur a toujours témoigné. Lui-même n’a pas craint d’écrire dans des journaux pour un public de non spécialistes. Il a toujours refusé le style académique et le jargon prétendument technique, considérant que la langue naturelle contient déjà la vérité et qu’il suffit de la faire sonner, comme font les poètes. Il est vrai que le journalisme tel qu’il l’entendait n’a rien de commun avec les médias d’aujourd’hui : il repose sur l’écriture et la lecture, et si les propos sont d’un jour, il faut qu’aussi bien leur auteur que leur lecteur prenne le temps de la réflexion. 

Une conception aristocratique du peuple

Alain ne pensait pas que la pensée soit une affaire de spécialistes et que la vérité ne puisse être comprise que par quelques-uns. Il intervenait dans les universités  populaires des débuts de la troisième république en un temps où les termes de« populaire » et de « peuple » exprimaient une certaine noblesse : il ya en effet une conception aristocratique du peuple, selon laquelle il peut et même doit être souverain et se gouverner lui-même, ce qui suppose qu’il ne se réduise pas aux passions et à l’ignorance des foules. Que tout homme soit capable de penser et même pense réellement, et donc soit capable d’accéder à la philosophie, cette foi qu’on pourrait dire aussi bien démocratique, ce refus de faire de la philosophie et des sciences une cléricature imposant au peuple de nouvelles croyances, est inséparable d’une certaine idée du savoir : il n’y a pas de rupture entre le savoir le plus élevé et celui de l’homme qui perçoit un cube, entre la science et la perception telle qu’elle est exercée par chacun. Toute la pensée est présente dans la perception ordinaire - c’est le sens de la philosophie de la perception d’Alain - et toute la sagesse est déjà dans l’expérience des choses humaines. C’est pourquoi le philosophe non seulement doit mais peut s’adresser à un grand public et ne pas s’enfermer dans le petit monde académique.  

La science nous ouvre-t-elle un "autre monde"?

Telle est la raison de fond pour laquelle Alain écrit des propos dans des journaux - et même ses œuvres plus difficiles  gardent le style des propos. Telle est aussi la raison pour laquelle certains universitaires continuent de l’ignorer : ils craignent de perdre leur autorité. 

Il nous faudra donc répondre à une objection : les sciences ne requièrent-elles pas une rupture avec la perception ordinaire, ce que Gaston Bachelard appelle une coupure épistémologique ? Le développement d’une science se fait lui aussi par des ruptures qui sont la remise en cause de ce que jusqu’alors on croyait établi :  cette critique toujours recommencée ne porte pas seulement sur l’expérience première, elle anime la science. Or Alain montre que dans la perception ordinaire nous ne cessons de nous corriger, de nous réveiller de nos rêves, et donc en ce sens il faut dire que le processus de rupture par lequel la pensée passe sans cesse d’une perception fausse à une perception vraie est déjà présent dans la perception la plus commune qui en ce sens est déjà science. Nous allons en travailler quelques exemples.  

Le monde tel que chacun de nous le perçoit est le monde tel qu’il est : ne nous laissons pas séduire par l’idée que les sciences nous découvriraient un autre monde, avec un autre espace et un autre temps... De là le refus d’Alain de se laisser séduire par les polémiques de son temps sur la relativité, par exemple. Mais c’est là déjà une affaire très académique. 

Les extraits d'Alain évoqués dans le cours sont accessibles ici.


Séance du 27 janvier 2016 : Correspondances

Nous allons lire une page de Platon, extraite du Théétète, qu’Alain n’a cessé de relire et de développer. Nous verrons pourquoi il a à partir de là conçu la philosophie de la perception comme la pièce maîtresse de la philosophie et pourquoi c’est au sein même de la perception qu’il n’a cessé de montrer ce que les scolastiques après Aristote ont appelé les catégorie (être, non-être, identité, différence, etc.). Que chacun lise et relise cette page dont l’argumentation repose sur une simple distinction, entre ce par quoi (un datif, complément d’agent) et ce au moyen de quoi.  

Il est possible de lire en même temps le poème de Baudelaire, "Correspondances "(Les Fleurs du mal) et de réfléchir sur les synesthésies et les symboles. 

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.


Séance du 10 février 2016 : L'objet, la perception et le délire : pourquoi faudrait-il "rester prolétaire" dans ses moindres pensées?

Nous lirons un propos d’Alain sur le rapport de la raison et de l’expérience. Que signifie ceci que notre pensée divague dès qu’elle n’est plus attentive aux objets et qu’au lieu de revenir toujours à la perception du monde, elle prétend pouvoir décider seule de ce qui est ?  

Nous verrons comment une philosophie de l’entendement, qui n’est pas empiriste, c’est-à-dire ne considère pas que nos idées nous viennent des sens, refuse pourtant de séparer la pensée de l’expérience. 

Alain formule ainsi une idée de la philosophie : penser n’est pas seulement discourir, obéir aux lois du discours, argumenter, c’est toujours revenir à la perception. Car dès que nous ne sommes plus pour ainsi dire lestés par notre rapport au monde, nous rêvons, nous délirons. Et rien n’est plus logique en un sens que le délire. 
  
De là aussi des réflexions sur le travail, c’est-à-dire la transformation réglée de la matière, seul remède à nos superstitions. Nous comprendrons l’opposition du bourgeois et du prolétaire. Le bourgeois vit de signes, de persuasion : ainsi l’avocat ou le professeur, ou le mendiant. La matière délivre le prolétaire de la croyance magique, selon laquelle on peut agir sur les choses par des signes. Mais qui sait rester prolétaire dans toutes ses pensées ? Et l’usage de nos nouvelles technologies est-il un travail en ce sens ? 

Le lecteur tirera profit de la lecture de cette page, ainsi que de celle-là.


Séance du 9 mars 2016 : “Il n’y a point d’images, que des objets imaginaires”

Nous avons vu l’imagination à l’œuvre dans la perception, soit qu’elle y concoure, par exemple dans la perception d’un dé ou d’une distance, soit qu’elle nous fasse croire que nous voyons le disque lunaire grossi alors que nous ne le voyons pas grossi. Nous allons maintenant suivre la réflexion d’Alain sur l’imagination, qui est sans doute ce qu’il a proposé de plus original : « quelle nouveauté choquante !», écrit-il dans Histoire de mes pensées

Ce qui choque, c’est l’idée qu’il n’y a pas d’images produites par l’imagination, mais que l’imagination consiste à interpréter les représentations qui nous sont offertes par le monde et notre corps : nous n’imaginons jamais qu’à travers le monde que nous avons autour de nous et à travers nos passions. C’est pourquoi aussi l’imagination créatrice n’est rien sans un travail à même une œuvre – laquelle n’est pas la reproduction d’on ne sait quel musée imaginaire que l’artiste aurait préalablement conçu en lui-même. 

Nous comprendrons ainsi l’unité de l’imagination dans la perception, le rêve ou la rêverie, et la fiction ou la création. 


Séance du 23 mars 2016 : il n’y a pas d’images-souvenirs

Nous allons faire un détour par une réflexion sur la mémoire : là encore, nous pourrons avancer sans avoir besoin de supposer des images-souvenirs qui seraient conservées en nous. Alain va jusqu’au bout du paradoxe qu’est la négation des images mentales ou cérébrales. Et par là il s’oppose à son contemporain, Henri Bergson. 

Il suffit de lire les développements du livre premier des Eléments de philosophie qui figurent aux chapitres XII à XVII.


Séance du 6 avril 2016 : le temps, l’espace, la perception

J’ai donné à lire la dernière fois le chapitre XVI des Eléments de philosophie, intitulé le sentiment de la durée, qui est une réponse à Bergson.  

Nous allons réfléchir sur la mesure du temps pour prendre conscience de l’irréductibilité du temps à l’espace, et donc de l’intériorité sur l’extériorité, afin de fonder l’affirmation selon laquelle pourtant le rapport à l’espace, au monde, au mouvement des astres, aux calendriers, aux institutions de la cité, est nécessaire à la conscience que nous avons du temps. 

L’intérieur n’est rien sans l’extérieur, la conscience n’est rien sans son rapport au monde. Il faut toujours revenir à la perception. L’idée d’une pensée qui pourrait se ressaisir par l’intuition d’elle-même n’a donc pas de sens.

Séance du 10 mai 2016 : Le temps et l’espace, suite

Nous allons reprendre la réflexion bergsonienne sur l’irréductibilité du temps et de l’espace. Mais au lieu de suivre Bergson jusqu’à l’idée d’une intuition qui permet à l’esprit de se retrouver entièrement lui-même sans se rapporter au monde extérieur, et ainsi se diviniser – car l’ambition philosophique de Bergson est une grande chose – nous nous contenterons de notre condition d’homme : je ne peux prendre conscience de moi-même qu’en me situant dans le monde, de sorte qu’intériorité et extériorité sont inséparables. 
  
Nous relirons une des dernières pages des Méditations de Descartes pour revenir à Alain et à l’idée que la mémoire elle-même suppose le monde. Ce qu’expose la chapitre XVI des Eléments de philosophie, intitulé Le sentiment de la durée, qui est une réponse à Bergson. 

Malheureusement cette séance n’a pas pu être enregistrée.



Séance du 25 mai 2016 : Bourgeois et prolétaires

Voici donc les deux derniers cours de l’année. J’ai commencé la lecture d’Alain par l’étude de ce qui est le centre de sa pensée, la philosophie de la perception. Les deux derniers cours (25 mai et la semaine suivante le 1° juin) porteront sur un aspect essentiel de cette réflexion, que nous avons déjà rencontré : le monde n’est pas un spectacle, il n’est connu comme réel que par le travail. 

Mais quel travail ? Quelle sorte de travail ? Nous reviendrons donc sur la distinction que fait Alain entre bourgeois et prolétaires pour comprendre le rapport de l’homme au monde, et peut-être aurons-nous ainsi des armes pour comprendre le tour qu’a pris aujourd’hui l’économie : elle est bourgeoise et non prolétaire, c’est-à-dire tout entière déterminée par la superstition des hommes et non par les nécessités du travail. 

Il faudrait relire l’Emilede Rousseau, qui montre pourquoi les hommes sont perdus lorsque leurs pensées et leurs passions sont déterminées par les rapports qu’ils ont entre eux et non par leur rapport aux mondes des choses. Idée difficile qu’il nous faudra tenter de formuler. 

Mais cette annonce est bien sibylline ! Commencez donc par lire les deux propos d’Alain que je mets en ligne (ici et ). 


Séance du 1er juin : conclusion du cours

Le dernier cours suivra le propos d’économie qui réfléchit sur la différence qu’il y a entre produire et vendre mis en ligne dans l’annonce du cours précédent. Et il le prolongera librement. 

De même que bourgeois et prolétaire sont des manières d’êtres présentes en chacun de nous à différents degrés et selon nos âges et nos métiers, de même production et vente sont inséparables, de sorte qu’il n’y a pas d’économie de pure production. Toujours produire est lié à échanger : ce qui veut dire que le rapport de l’homme à l’homme compris dans l’échange détermine le rapport de l’homme à la nature et alors le bourgeois en l’homme commande au prolétaire. Peut-il en être autrement ? Se peut-il que la part de magie de la vente ne finisse pas par régner sur le monde devenu un marché unique ? Alors l’économie n’est plus qu’un système confus de signes coupé de la réalité.