Hommage, par Bernard Bourgeois

Texte prononcé par Bernard Bourgeois, ancien élève de Jacques Muglioni à Mâcon en 1946-1947, lors de la séance de la Société Française de Philosophie du 27 janvier 1996, à l’occasion de la conférence de Régis Debray, lui-même ancien élève de Jacques Muglioni au Lycée Janson de Sailly en 1957-1958. 

Nous remercions Bernard Bourgeois de nous autoriser à partager ce texte.

Texte publié dans le Bulletin de la Société française de philosophie n°1996 90 1.


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C’est avec une peine immense que je m’apprête à dire quelques trop brèves paroles sur un autre grand disparu membre de notre Conseil d’Administration, le Doyen Jacques Muglioni, décédé cette semaine. Il fut pour beaucoup de ceux qui sont présents ici ce soir un maître, un compagnon ou un ami. Il fut pour moi d’abord un maître, puis un compagnon, et toujours un ami : j’appréciais dans le maître la rigueur de l’intelligence, dans le compagnon des combats pour l’école la volonté inflexible, chez l’ami la sensibilité si généreuse. Dans ce siècle, il fut l’Inspecteur général de philosophie. Mais il défendit institutionnellement la raison pour l’homme, humainement, et avec passion. Faisant ainsi s’interpénétrer en lui le cœur, l’homme privé, et la mission, le service public, en ami moderne des Grecs, Jacques Muglioni incarna à notre époque la figure du sage. Il le fit, exemplairement, en militant de la sagesse. La Société Française de philosophie, qui sait combien la vie philosophique s’enracine, en France surtout, dans l’institution scolaire, ne peut que se recueillir dans la gratitude devant celui qui fut en celle-ci, avec deux autres grands disparus que j’ai évoqués ici récemment et qui furent ses amis, Georges Canguilhem et Étienne Borne, un grand, un très grand serviteur de la philosophie...